Je sais que je prends un risque.
Le risque d'être projeter du piédestal sur lequel on aime parfois mettre les artistes.
Car il faut donc absolument paraitre professionnel.
Et si vous visitez les sites internet d'artistes célèbres, vous serez bluffés par leur professionalisme, par la maitrise de leur art. La perfection, le design du site internet, la qualité des photos, le nombre de like sur FB même, les parutions, les interviews. Autant d'éléments qui vous font dire que cet artiste est un vrai. un pro.
Je ne vais pas vous mentir et vous dire que je ne cherche pas à "paraitre professionnel".
Parce que si, j'essaie. Parce que je veux vivre de mon travail , j'essaie de rentrer dans les cases, de trouver les codes.
Pourtant je connais bien les limites de tout ce paraître. Je vois bien dans quel monde stérile il nous plonge. Alors même que l'art doit susciter l'émotion, toute la partie émotive de la conception est presque toujours occultée. Seul le résultat semble compter.
Mais voilà, ici, j'emmerde le paraître. Ce blog est mon espace de liberté.
Je vais donc vous montrer la suite de mes merdouilles. Celles qui font perdre du temps. Celles qui ne font pas rentrer d'argent. Celles qui font perdre confiance. Celles que je ne suis pas censé montrer parce que, Hoyoyo je suis une pro!
ça commence par un petit retour dans le temps.
Coeur de Bisounours au mois de décembre dernier.
Si tu regardes bien y a une couche de résine brillante sur le socle arc-en-ciel.
J'ai dû la refaire deux fois, car la résine adhère difficilement de manière homogène sur le volume. C'est très compliqué techniquement. Il faut changer la statue de position toute les heures pendant les 6 premières heures de séchage afin que "l'enrobage" soir bon.
Le deuxième passage de résine m'a semblé acceptable. Bien que pas parfait.
Mais je me suis dit qu'il fallait que j'arrête d'enculer les mouches.
Parce que vu le temps que j'avais déjà passé dessus , c'était pas raisonnable de recommencer une troisième fois.
Et puis un jour, en passant par la galerie où la statue est exposée, je réalise qu'elle penche légèrement.
Il faut croire que mon bureau penche, ou que le manque de recul m'a fait manquer ça.
J'ai donc emporté la statue à la maison pour rectifier ça.
J'ai observé de nouveau ce vernis et j'ai eu honte.
Il ne correspondait pas à mes attentes décidément.
Oui il n'etait pas parfait. On en revient toujours au même.
J'ai donc tout défait.
Il m'a fallu plusieurs jours pour gratter le glaçage résine, la peinture, refaire les parties endommagées par le décapage.
Jai corrigé également le socle pour que le petit air légèrement penchée de la statue disparaisse.
La ponceuse électrique a été ma grande amie.
Lorsque je l'ai repeinte à nouveau. J'ai aimé l'aspect mat de la peinture.
J'ai aimé le rendu guimauve marshmallow.
Du coup j'ai mis un vernis mat et je l'ai laissé comme ça.
Voilà. Je pense pouvoir dire maintenant que je suis satisfaite de cette pièce.
Mais qu'elle a été bien trop longue à faire compte tenu du prix de vente.
Malheureusement, je ne peux absolument pas réfléchir en taux horaires pour chaque pièce, car ce serait invendable.
Peut être que dans 10 ans je pourrais inclure dans le prix de mes pièces, le prix de mes hésitations, des mes remises en questions, de mes ratages, de la gestation intellectuel, de la procrastination qui mène aux solutions techniques.
Peut être que dans 10 ans, je vendrais non seulement la pièce fini, celle qui flatte le "paraître", avec son coût matériel réel, mais aussi toute la démarche qui a aboutit à cette pièce, l'immatériel réflexion.
Peut être que dans 10 ans, j'envisagerais encore avec espoir les "peut-être" de la décennie suivante, peut être...
1 commentaire:
Ben dis donc, ça a pas l'air simple ... quel b...l !
Et dis donc, ça fait drôlement flipper ton gif de l'exorciste !!!
Bon, t'essaie de dormir quand même un peu, hein ? Une p(tite verveine, un supo et au lit !
Enregistrer un commentaire