mardi 15 septembre 2015

Rien qu'entre nous Leiji

Cher Leiji,

Hier je t'ai offert un trésor alors ça va être dur de faire mieux aujourd'hui.
Du coup je t'offre Rien.
Mais Rien, c'est pas rien, pour l'artiste que tu es.
Car toi seul sait, que le Rien n'existe pas vraiment.
Qu'il est dans la tête des feignants qui ne veulent pas imaginer.
Je t'offre mon Rien à moi.
Celui qui s'accroche au fil de fer grâce auquel on devine déjà une cape de Rien.




Et déjà, je vois onduler ce Rien au vent. 


Je jette du papier sur le Rien, je l'emballe pour toi.
Comme ça, il est plus beau mon Rien.



Tu me diras qu'alors, ce n'est déjà plus Rien. 
ça ne fait rien...
Ce n'est plus Rien non plus dedans.
C'est devenu Plein.
Plein c'est rassurant.
Le Rien emballé, bientôt résiné, va finir par tomber pour un rien.
Alors que Plein, c'est stable sur la table.



Leiji, j'offre à tes descendants un trésor de notre temps.
Lorsqu'ils éventreront à leur tour la statue rongée par le temps, ils découvriront l'énigmatique phrase "sachet congélation 1 litre" sur le plastique, avec de jolis petits dessins de carottes et de brocolis.
Si les légumes existent encore, ils comprendront.
Pour l'instant j'enferme le trésor de tes générations à venir.


Pour protéger ce qui devient notre Rien à tout les deux, j'enferme l'emballage papier entre deux couches de résine.



Regarde comme notre Rien est révélé depuis que je l'ai si bien caché.


Avant de commencer la transformation du visage, regarde le bien.


N'était-elle pas prédestinée, avec sa cicatrice sur la joue ?

Leiji, avec tout ça, ne dis jamais qu'il n'y a rien entre nous.




lundi 14 septembre 2015

Leiji, j'ai une surprise pour toi.

Cher Leiji,
Laisse-moi te montrer comment je vais m'y prendre pour faire ce que tu sais.
Et je sais que tu sais, c'est sûr, tu sais,  puisque je sais que tu lis toutes les lettres d'amour que tu reçois.

Cela fait bien longtemps que je voulais faire cette pièce pour toi. 

Mais je repoussais toujours, ne trouvant pas la pièce tant espérée, et à la bonne taille,  de Notre Dame de Medjugorje, La sainte Vierge qui apparut en Roumanie, où semble, t'il ce jour là, il y avait du vent.
Regarde, je l'ai juste en tout petit:


A trop attendre la roumaine, je m'ennuyais de toi.
J'ai réfléchis différemment.
Un bon coup de vent à Notre Dame de Lourdes ne lui ferait pas de mal...
Bon, OK, vendu.
Je suis allée à la cave choisir l'élue, parmi ma centaine de pièces.
Celle qui a le visage le plus allongé de ma collection.
Malheureusement, c'est un laideron.


Certainement elle a été belle.
Puis elle a mal vieilli...
Alors, elle a croisé le chemin d'une bonne âme qui avait dû rater ses études d'esthéticien-ne.
Ainsi repeinte, personne n'en voulu plus.
Et je l'acquis pour une petite somme sur la brocante virtuelle d'Ebay-dites-donc.


Elle avait d'abord failli devenir Hello Marie. Puis Sainte Liberté.
Décidément, c'était toujours le deuxième choix.
Mais grâce à toi, Leiji, elle est enfin le premier choix, et son visage effacé devient une bénédiction , une porte vers ton univers.
Mais elle va demander beaucoup de travail...
Tout d'abord le décapage des multitudes de couches de peinture me fait remonter dans le temps.


Le temps remonte tellement, qu'il revient jusqu'à l'origine de la statue. Le plâtre pure.


J'observe la statue ainsi.
Je remarque que l'écharpe/ceinture entame un mouvement timide, mais bien visible, vers la droite.
Hum, le vent se lève.
(Il faut tenter de vivre, oui, oui)
Et ma petite Emeraldas, elle, elle porte plutôt sa cape sur la gauche.


Je veux garder son mouvement de cape, si typique de l'ambiance de ton univers.
Alors ma reine à moi portera sa cape sur la droite, pour suivre le mouvement de la ceinture.
Il me faut défaire le voile pour le refaire.
Voilà pourquoi tu vas avoir l'impression que je saccage tout. 


Alors qu'en fait, je mets à jour un trésor.
Je suis tellement remonté dans le temps, que j'ai dépassé le plâtre blanc sortit de l'atelier de moulage.

Leiji, crois-moi, je suis maintenant avec l'artisan. 
La statue n'est pas encore sortie du moule.
Je suis dans l'atelier. Je sens son odeur.
Je respire l'air qui sort de la statue éventrée.
Oui, un air ancien, qui arrive autour de moi.
Cet air, il sent comme le vieux papier journal jauni.
Ah , mais ... mais, que vois je?


Je vois l'artisan qui prend le journal qui traine dans l'atelier.
Il déchire grossièrement quelques feuilles et les froissent en une grosse boule.
Il l'enfonce dans le socle de la statue.
Peut être qu'il chante, qu'il siffle, ou qu'il injurie un visiteur indésirable.
Mais, de ça, je n'ai pas l'odeur.
Maintenant il referme le socle avec une couche de plâtre qui ne tombera pas à l'intérieur de la statue, bouchée avec le papier.

Pardon Leiji.
Parce qu'au lieu d'avancer le travail sur ta statue, je n'ai pu m'empêcher de passer du temps à retirer le journal pour en lire quelques morceaux.
Je me suis sentie exploratrice du temps.
Mais tu vois, c'est un peu comme dans tes histoires.
Je sais que tu aimes l'exploration.

Alors tiens regarde ce que j'ai découvert, c'est mon trésor, et il est pour toi, je te l'offre:


Je t'offre l'histoire du Sargueminier, en Moselle, qui raflait le lait pour le revendre à un prix supérieur au cours officiel.


Je t'offre l'histoire du cadavre de M. Jacquel, retrouvé dans le canal,  dont l'autopsie a été pratiqué par le docteur Hamburger, qui pense à un suicide.


Je t'offre également la grande fête du syndicat des Hôteliers.
C'est à 20 heures, et il y aura des huiles mêmes.
Je mettrais mas belle robe à fleurs. Je t'y attendrais.


Voilà Leiji, Je t'ai offert des petits bouts du journal de l'est.
La seule date que j'ai trouvé était 1924, mais il ne s'agissait que d'une date de référence dans un article, et non l'année du journal.




Si tu n'es pas Leiji Matsumoto et que tu viens de lire malgré tout cet article, j'éspère que tu as honte de toi.
Pour te faire pardonner, mets tout tes moyens en oeuvre...
 pour dire à Leiji que je l'aime.
coeur, coeur, coeur.


Déclaration d'amour



Cher Leiji,
Aujourd'hui je te déclare mon amour.
Tu ignores à quel point tu as compté pour moi.
Gràce à toi, j'ai eu envie de dessiner. J'étais tombé d'abord amoureuse de ton trait. De tes personnages androgynes à têtes pointues.
Je me souviens très bien de ça... m'exerçant pendant des heures dans les dimanches et les samedis vierges de l'agenda de maman, pendant les discussions d'adultes où les enfants s'ennuient.
Dans le même temps je tombais amoureuse de ton beau personnage ténébreux.


C'était à un âge où les différences ne posent pas de problème. ni notre âge, ni les failles spatio-temporelles, ni les trous noirs, ni les galaxies lointaines, ni les sylvidres, ni tes 2 dimensions sur cello, ni l'écran de la télévision, ne pouvaient nous séparer.
Je savais qu'en grandissant, d'autres passions me submergeraient, mais que toi, tu aurais à jamais une place toute particulière.
J'ai toujours su que tu resterais mon irremplaçable premier amour.
Leiji, à travers Albator, c'est de ton univers entier que je suis tombée amoureuse.
Tu as tatouée la petite fille coincée dans ma caboche.
La petite fille veut être Emeraldas.


Oui, tu sais, ce personnage secondaire qui est derrière lui.
Emeraldas, c'est moi.
Et je ne comprends pas pourquoi tu racontes que je suis amoureuse de Toshirô.
Non, non, je t'assure, j'ai rien contre les petit à Lunettes, mais non vraiment non c'est pas possible. C'est Le capitaine que j'aime.
Je veux tellement lui ressembler, être forte comme lui.
Peut être qu'ainsi... il me remarquera enfin ...



Cher Leiji, cher amour, cher maître, cher Dieu,
je te dédis ma prochaine statue.
Et pour toi, le miracle artistique va faire se rencontrer la Sainte Vierge, femme sacrée, et Emeraldas, sacrée femme.