vendredi 8 janvier 2021

Avant de monter sur scène

Bastille music me propose une commande sur le thème de la batterie.
La batterie... c'est un univers très masculin ça...
Mmmm ça m'intéresse.
Défi relevé!

Les commandes, c'est toujours une rencontre d'abord.
Il faut trouver la traduction plastique de cette rencontre.
J'allume ma radio pour capter des trucs invisibles.
J'observe, je réfléchis.
Je fais des recherches sur la batterie, j'y connais rien.
Je fais autre chose.
Je laisse le petit vélo pédaler tout seul.

Quelques semaines passent.
Des images commencent à arriver dans ma tête.
Oui je suis radio ET téléviseur parfois.
Je fais d'autres recherches.
Une image commencent à s'imposer particulièrement.
Je fais une fixation.
Je ne peux pas penser à autre chose.
C'est le moment de faire ma proposition au commanditaire.
J'essaie de lui refaire vivre le processus de mes connexions neuronales.
Le batteur qui s'apprête à entrer dans la lumière.
Ce type qui porte juste un tee shirt.
Ce tee shirt avec ce batteur si célèbre. 
Animal, cette bête.
Il a vraiment des difficultés à canaliser son énergie.
Il est fou ?
 Il est libre.

Holy beast, ou la promesse d'un rythme qui vous porte ailleurs.

Le projet validé, je fonce.

La pièce de récupération choisie est une Vierge du type "médaille miraculeuse", les bras ouverts, prête à recevoir ses baguettes.

C'est une pièce très abimée qui a été cassée en plusieurs morceaux puis recollée.



J'avais pour impératif de trouver une présentation pour qu'elle puisse être visible sans être à porter de mains.
J'avais ce socle mural depuis quelques années.
Il attendait bien sagement la pièce qui aurait besoin de lui.
Il était assez abimé, avec beaucoup de petits éclats.




Il y avait encore au dos un petit papier indiquant la provenance: 
Bouancheau, magasin de Statues situé au 29 rue de Verdun à Nantes debut XXème siècle.


Le décapage de la pièce commence.
Au revoir l'horrible peinture épaisse.


Le décapage fait apparaitre beaucoup de petits défauts.
J'ai l'habitude, je vais soigner tout ça.


Je suis sur le point de déchiffrer la signature... 
puis non..
Si ! 
Ah non..
Mais si, c'est pas un N là ?
un E ?
un P ?
On se croirait chez l'ophtalmo.
Pff non j'y arrive pas...


La pauvrette elle a plein de trous dans sa tête.
La peinture est bien galère à enlever.


Le socle est nettoyé et poncé.


Il y a une quarantaines d'impacts à reprendre.


Je reconstitue ça avec ma résine époxy habituelle.
On s'entend bien elle et moi.


Je fini le décapage de la bête au papier à poncer.
C'est long et minutieux.
Mais ça vaut le coup.



Maintenant qu'elle est toute belle je la frappe avec un marteau sur un tournevis.
Non mais c'est juste pour découvrir un peu son torse, rien de grave.


Je réajuste avec le cutter.


J'affine en ponçant.


Je modifie le col pour obtenir une dynamique asymétrique qui rend la pièce plus vivante.  


Je sculpte le col un peu plus bas pour que l'ambiance soit plus détendue.


Je ponce les plis du tee shirt et je délimite l'ourlet en creusant au cutter.


Je continue de poncer pour aplanir les volumes afin de pouvoir retravailler dessus.


Et puis je lui mets des moufles en silicones.
D'habitude je le dis pas quand je fais ce genre de trucs.
Mais je vous fais confiance aujourd'hui.


ça me permets de pouvoir reproduire ses mains qui serviront à une statue qui vient d'arriver dans l'atelier. Une belle pièce, qui fait la même taille, mais dépossédée de ses mains .
Alors Holy beast lui a filé un coup de mains.


Personne ne peut filer d'avantage de poitrine à Holy Beast, alors deux boules de résines se dévouent et lui sautent dessus.


Si au premier abord, elle a  paru surprise, elle semble maintenant peut être un peu gênée.


C'est parce que le tee shirt lui colle trop.
Je vais arranger ça.


Et puis les petits plis arrivent aussi.



Je reponce après séchage.
Je creuse d'avantage certaines parties.


Je reconstruis le socle qui était très abimé.


Je lui ajoute de la hauteur aussi.
Le polystyrène est là temporairement pour guider le placement de la résine.


Je réalise un tube (moi qui rêvait d'être chanteuse dans les 80's) qui sera fixé à l'intérieur de la pièce pour servir de système de fixation la reliant au socle.


Je bourre la pièce de papier pour qu'elle soit pleine mais pas trop lourde.


Le polystyrène est parti en vacances, je peux couler du plâtre à sa place.
Le système de fixation creux, au milieu.




Ensuite faut bien poncer.
J'arrête pas de vous dire que je ponce.
Mais c'est vrai, je ponce.


Je recouvre de résine pour relier et solidifier l'ensemble.


Voilà c'est la grosse vis qui va être installée dans le socle.
Avec ça, je suis sûre que la statue ne va pas valser.


Aussi, je serais sûre qu'elle restera à sa place.



J'ai aussi prévue de mettre des petits arrêts métalliques à l'arrière pour pas qu'elle tourne non plus.
Moi, maniaque du contrôle ? hein quoi? 
Je vois pas ce que vous voulez dire...
Mais euh, laissez moi tranquille, puisque je vous dit que j'ai une vision!


Je fixe la vis dans le socle et je laisse prendre la résine avec la statue fixée dessus pour être sûre de pas avoir de mauvaise surprise (du genre ça rentre pas c'est de travers).



J'ai finalement mis ces petits disques métallique à la place des plaques en laiton sur le socle.


Je continue de peaufiner le tee shirt et les bords de la cape.


Je vais à Bastille music pour voir comment on  tient des baguettes.


J'achète une baguette en hêtre.
Je vais tenter de la sculpter tiens.


La boutique m'a prêtée des baguettes.
Je prends la mesure de la chose.


C'est la taille de mon avant bras + un petit doigt.
Mais bon je suis pas grande aussi.


Je pars sur un rapport de taille approchant.


Cuter, Dremel et ponçage manuel plus tard :


Je suis pas mécontente de mes petites baguettes!
Je perce des petits trous dedans, à cause de la joie sûrement.


Ah non je me rappelle, c'était pour fixer des bouts de cure-dents pour l'apéro!


Ah non c'était pour fixer sur les mains, maintenant je suis sûre!


Bon là, les baguettes semblent tenir comme par magie.
Je sais que la Sainte Vierge a des supers pouvoir mais quand même!


Pour refermer les mains sur les baguettes, je fais d'abord disparaitre les doigts existants.





Rho finalement j'aime pu mes baguettes!
Je les trouves trop grosses!
Je les reponce encore et encore.
à droite c'était avant.


Ah oui oui c'est bien mieux là!


Je peux lui refiler les baguettes et lui faire des nouveaux doigts.


Alors, je ne les ai pas réussi en une seule fois, parce que les doigts c'est compliqué, ça se laisse pas faire.
Mais je vous épargne les doigts ratés.


Et puis je ponce encore finement et reprends encore quelques détails du socle mural.




Dernier ponçage fin.


Petits ongles sculptés et poncés.




Voile réparé et chirurgie plastique ok !


Oeil de serpent recréé.


Socle finalisé.


Les baguettes en bois sont légèrement teintées et vernies.



Passage de le première couche d'apprêt.
L'étape de la révélation qui m'excite toujours!



Je joue aux décalcomanies avec animal.


Je repasse les traits principaux pour guider mon pinceau.


L'auréole n'était pas prévue au debut mais en réalisant la pièce, il m'a semblé évident qu'elle avait besoin de cet impact graphique. ça la ferait rayonner à la manière d'une vibration musicale. 



Un petit aperçu du bureau en cours de peinture des trois éléments.


Des petits trous pour fixer l'auréole.


Je pose un peu où je peux, genre sur les pots de peinture, pour faire ma dorure à la feuille d'or.


Elle vient d'aller se faire maquiller.
Ses joues ont rosi.


Dorure à la feuille d'or pour l'auréole également.
Elle attend, fébrile.



Voilà!
Holy beast est née! 
Si t'as loupé la note c'est là pour voir les photos.

Encore une addition de résolue!




Si vous voulez pas partir, je vous laisse avec Animal et Rita Moreno.