samedi 25 juin 2022

le syncrétisme par la résine.

C'est par différentes lectures et diverses vidéos sur l'origine du christianisme et de la vierge Marie que je suis tombée à plusieurs reprise sur le lien qui existe avec Isis.

Il semblerait que l'une soit devenue l'autre, par syncrétisme, comme ils disent les gens qui ont du vocabulaire.  Bien entendu ça ne s'est pas fait en un jour, mais très lentement, puisque le culte à Isis perdure longtemps après la naissance du christianisme. Mais un coup fatal lui est porté en 392 quand l'empereur Théodose déclare le Christianisme religion officielle de l'empire romain et interdit les autres cultes. Ceci dit, ses prédécesseurs depuis l'empereur Constantin converti au christianisme avaient commencé à prendre des décisions en ce sens, comme détruire des temples et tuer des païens.

L'histoire du culte à Isis est intéressante car il traverse les frontières et fini par être assimilé à d'autres déesses mères d'autres religions polythéistes. Comme si la déesse mère était une histoire universelle.

Le mythe fondateur de Isis est troublant de ressemblance avec celui de la vierge Marie.

Je vous invite à en lire un résumé via ce lien si vous ne connaissez pas très bien Isis.

Et pour approfondir si vous aimez les thèses plus poussées vous pouvez allez par ici.

Dont voici un extrait parlant "(...) l'Eglise chrétienne est à l'origine de ce détournement de sens et que son action en faveur d'une récupération des traits signifiants du culte d'Isis sont encore visibles dans les canons du culte de la vierge Marie. Le caractère universel de la Vierge rappelle celui d'Isis. Horus rappelle Jesus et occupe une place similaire vis à vis du Dieu tutélaire qu'il s'agisse de Dieu ou de Râ : La naissance supposée de Jesus un 25 décembre ne peut que contribuer au syncrétisme des traditions et à la récupération-détournement opérée par l'Eglise chrétienne. Les caractéristiques du culte Marial trouvent alors dans Isis un certain modèle que les multiples épiclèses de la Vierge ne peuvent que confirmer. La Mater Dolorosa n'est elle pas qualifiée ainsi pour la première fois par Origine d'Alexandrie et ne rappelle-t-elle pas les souffrances d'Isis devant le corps démembré d'Osiris? Horus n'est il pas le fils d'Isis comme Jésus est le fils de Marie plus que de Joseph dans la tradition catholique?(...)"

Le culte à Isis était extrêmement répandu et populaire, c'est sans doute pour cette raison que le christianisme eu besoin d'une figure féminine forte pour faciliter la conversion des païens. C'est d'ailleurs la seule religion monothéiste à avoir développé un culte à une figure féminine. Mais en ayant bien pris soin de la reléguer en arrière plan, idéologie patriarcale oblige.

Isis a traversé les frontières et son culte s'est étendue de l'Egypte à tout l'empire romain, jusqu'en grande Bretagne.

D'il y a 2500 ans avant notre ère jusqu'au 6 ème siècle où le dernier temple dédié à Isis à été fermé, Isis a été la déesse mère la plus répandue et adorée.

La Vierge Marie arrive dans ce contexte et je voulais faire une pièce qui symbolise ce syncrétisme.

Marie retrouve ainsi la magnificence et la puissance propre à Isis, ce que le christianisme s'est efforcé d'effacer chez la vierge Marie, pour n'en garder que la mère douce et aimante. 


Comme d'habitude mon travail commence par le choix d'une pièce de récupération. Celle ci à été trouvé sur le web. Je l'ai choisi pour sa drôle d'amplitude au niveau des bras. Ils semblent encore plus ouvert que sur les versions habituelles. Elle m'a semblé prête à s'envoler!

                                                 

C'est partit pour le décapage!




Les masques de beauté, c'est très efficace,
ça te décolle les pores en un rien de temps!


Après un petit ponçage elle est comme neuve.



Parmi l'évolution des représentations d'Isis chez choisi de faire figurer:
-Sa parure de plume de Milan, car c'est transformée en cet oiseau qu'elle parcourt le monde à la recherche de son mari mort avec qui elle va procréer. C'est presque l'emblème de l'immaculée conception version Isis, si on veut. (=l'apparition de l'ange Gabriel et l'enfant sans père vivant dans ce monde)
-La coiffe d'Hathor, déesse de l'amour et de la maternité, à qui elle fini par être assimilée.
-L'ankh, la croix égyptienne, symbole de vie éternelle, qui n'est pas sans rappeler la croix chrétienne.


Pour réaliser les plumes j'ai d'abord modelé 6 tailles et formes de plumes.



Puis j'ai fait des empreintes de ces plumes, qui me serviront de tampon pour pour marquer la résine.


Pour pouvoir placer les plumes, il a fallu enlever le plus de plis possible sur la cape pour avoir une base homogène.


J'ai poncé les volumes et comblé les creux.



J'ai modifié le petit doigt car il était très éloigné des autres.
C'était une drôle de bizarrerie comme il y a souvent sur les statues de saintes vierges.
parfois c'est les doigts de pieds qui sont très écartés. 
Des fois je laisse, des fois je corrige.
ça dépend si ça porte atteinte à l'équilibre finale de la pièce.


Je commence à modeler la croix égyptienne.


Un collier de récupération qui va me servir à décorer la coiffe.


Je prépare la structure pour monter le disque solaire et les cornes.


En les modelant sur ces tiges je vais pouvoir les fixer solidement sur la tête.


Je réajuste en plusieurs étapes. J'enlève et ajoute de la matière.


Je ponce.


J'ai préparé la tête pour recevoir la coiffe.


J'assemble les cornes sur le disque.



 Je finalise l'ankh.


Je ponce la coiffe et je suis finalement gênée par les armatures en métal des cotés que je vais finir par enlever.




Rebouchage et petit ponçage finale.


J'ai doublé la taille de la couronne qui accueil la coiffe. Je trouvais cela plus équilibré ainsi.
L'ensemble peut maintenant être fixé.


J'ai modifié le socle, légèrement plus
épais maintenant.

Je commence la première ligne de plume !
J'utilise les empreintes de plumes les plus longues et pointues pour les bords.


Pendant que ça sèche je fais mon petit chapelet.


Ensuite je pose la deuxième bande de résine dépassant légèrement sur la première ligne de plume.


Je place mes empreintes de plumes avec un modèle de plume un peu plus court.
Les empreintes de plumes me servent en fait d'ébauche. ça me permet d'avoir une vision d'ensemble, de placer chaque plumes au mieux et d'obtenir une régularité dans leur taille.


Ensuite j'utilise mon outil de dentiste préféré pour sculpter chaque plume une par une, et le cutter pour couper le surplus.


Voilà comment le procède pour chaque ligne de plumes.


Aller le dos maintenant.


Pendant qu'une ligne d'un coté sèche, j'attaque l'autre coté.
Et je monte mes lignes de plumes petit à petit comme ça, en alternant dos et face.












Je finis par enlever la deuxième armature du haut de la corne qui finit par me gêner après affinage.



Rebouchage et ponçage de l'ensemble de la coiffe.


J'ai fini de monter toute mes plumes.


Je trouve qu'elles méritent d'être retravaillées au ponçage pour estomper le coté modelage et gagner en finesse.

ça oblige à tout reprendre à la Dremel, plume par plume, mais tant pis.


Après des semaines de travail sur les plumes, voici enfin le résultat tant attendu.





Je lui ai refait aussi son petit bout de nez et son voile.



C'est le moment de la couche de blanc.
L'instant de révélation.


Je valide et peux donc passer à la peinture.
De l'ocre et du doré avant la feuille d'or.





Et voilà enfin la naissance de Marisis.
Encore une addition de résolu!