mercredi 9 décembre 2020

Allo, c'est qui ?

 -C'est "Notre Dame de l'ex-communication".










Cette voix qui s'élève mesure 37 cm de hauteur.
Pièce réalisée avec: un téléphone en bakélite des années 40 / des fils électriques / une statuette de la Sainte Vierge en plâtre non signée mesurant 13 cm / résine epoxy / peinture acrylique / feuille à dorer imitation cuivre.
Les fils en cuivre lui donnent une souplesse qui peut la faire se balancer légèrement.


mardi 8 décembre 2020

Notre Dame du grand saut













Elle est prête à sauter, attention petit canard!

Réalisée avec: un bénitier de récupération en métal et peinture dorée / un moulage en plâtre d'une petite sainte vierge de 6,5 cm modifié avec de la résine / de la résine cristal pour l'illusion de l'eau / un petit canard de 5 millimètres de longueur réalisé en résine et peint à l'acrylique.
Hauteur totale, 23 cm.
Novembre 2020.









vendredi 4 décembre 2020

Avant de mettre les pieds dans l'eau



ça n'a l'air de rien comme ça,
mettre les pieds dans l'eau,
prendre du temps pour soi,
quitter un instant la course du tant à faire.
Faire un pas de côté.
Arracher cette liberté,
s'autoriser a être,
ressentir,
c'est déjà gagner une victoire.
Et si vous y arrivez sans culpabiliser,  
Merci de nous montrer le chemin.





J'ai déniché cette petite pièce chez mon amant E.Bay. 
Je passe beaucoup trop de temps avec mon amant.
D'ailleurs je l'appelle Eduardo, maintenant qu'on est intimes.


Première chose, la petite dame, hop ! Elle Saute!
Et elle file directe dans l'atelier de ma maison de Barbie, bien sûr.


J'avais fait ce moule il y a quelques temps avec un reste de silicone, pour pas gâcher comme on dit.

ça tombe bien, cette petite pièce fait exactement la même taille et a la même position les bras ouverts.
Bon elle n'a pas de couronne pas contre, mais pour aller tremper les pieds dans l'eau ça ne lui servira pas à grand chose.

Le tirage est en plâtre synthétique, ce qui va me permettre de travailler dessus.


Je la découpe donc en petits morceaux que je recolle à la résine en inclinant ainsi son corps pour prendre la pose.




Ensuite, je reconstruis les jonctions entre les drapés avec l'aide de la loupe, et de patience, et puis souvent j'arrête de respirer pour garder un geste stable.



Je reproduis aussi le bas de la petite pièce pour travailler le socle uniquement.


Je rempli de résine et sculpte la totalité du serpent qui s'était planqué sous la robe.


J'ai collé la petite dame sur le bord du bénitier et le socle où il était initialement. 



Ensuite j'ai peint l'ensemble en gardant l'oxydation du bénitier que je trouve intéressante.

  


J'ai également passé du bitume de Judée, juste pour avoir un aspect un peu vieilli, moins plastique tout neuf.



Puis c'est autour du vernis mat.


Et enfin, la résine cristal liquide, à laquelle j'ai ajouté un peu de colorant vert, mais seulement au fond.
Il m'a donc fallu procéder en 2 étapes pour que le colorant ne se mélange pas complément avec la résine de surface. J'ai laissé sécher la partie verte au fond quelques heures, puis avant la prise totale j'ai ajouté la résine transparente et j'ai légèrement mélangé, créant ainsi un petit dégradé effet marécage.
Ce qu'on ne voit pas du tout sur cette photo.
C'est pourquoi je l'ai mise.


Vous connaissez désormais le procédé pour descendre de votre piédestal et vous mouiller un peu.
ça reposera votre égo et vos jambes Lourdes (haha), parfait.





mercredi 28 octobre 2020

Holy Beast











"Holy Beast" est une créature qui mesure 76 cm avec son socle mural ( 52 cm seule).

Je l'imagine dans les coulisses, en concentration, à l'instant même d'entrer en scène dans la lumière, s'apprêtant  à envoyer les pulsations qui font vivre la musique, celle qui nous fait tous vibrer.

Cette pièce été réalisée en exclusivité pour la boutique Bastille Music.

Elle est visible à la Galerie Albane depuis jeudi dernier et le sera encore pour 15 jours, avant d'être installée dans la boutique de Bastille Music.

Statue de récupération en plâtre à la signature illisible / socle de récupération en plâtre signé BOUANCHEAU, Nantes / résine / bois / article de quincaillerie / carte modélisme / peinture acrylique / Feuilles d'or pur 24 carats

vendredi 2 octobre 2020

Notre Dame du bord de l'eau

 Une toute petite pièce arrive ce weekend à la Galerie Albane

Une petite fugitive oui! 

Elle a quitté son piédestal pour se rafraichir les pieds dans l'eau. 

C'état certainement une de ces belles journées d'été, qui pourrait l'en blâmer ?

D'autres diraient "Ah tiens, en voilà une Grenouille de bénitier!"

Mais non, non, je vous assure, elle prend juste du temps pour elle.









Notre Dame du bord de l'eau. 
22 cm l'ensemble, 4,5 cm la petite dame.

Matière: bénitier de récupération en métal / plâtre / résine / peinture dorée / bitume de judée / résine cristal / vernis mat 

mercredi 23 septembre 2020

L'histoire de ma première fois


Pour raconter, expliquer le point de départ de mon travail, on pourrait remonter jusqu’à ma naissance. 

Puis même, à l’histoire de mes parents. 

A toute ma lignée familiale. 

A l’histoire de l’humanité. 

A la naissance des religions. 

Aux premiers questionnements sur les mystères de la vie et de la mort. 

Aux premiers hommes qui développèrent la parole. 

A l’apparition de la vie humaine. 

A l’apparition de la vie sur Terre. 

A la naissance de la Terre. 

A la naissance de l’univers.

Mais comme je ne suis experte dans aucun de ces domaines, ni même celui de ma naissance, dont ma mère est certainement la meilleure narratrice, je vous propose de regarder par la fenêtre de mon existence pour découvrir ce qui m’a conduit à travailler sur l’image de la Sainte Vierge.

 

En 2005, mon père est venu me rendre visite à Nantes. 

Nous avons en commun le goût des objets qui portent des histoires, c’est pourquoi nous adorons les brocantes. Même avec un petit budget, tu peux acquérir une histoire, une petite blague, de la poésie,  un anachronisme.

Ensemble, nous sommes allés aux puces de Viarme. 

Papa cherchait à me faire plaisir, et était à l’affût de tout objet qui puisse attirer mon attention. 

Je me suis arrêtée, fascinée, devant une statue de Notre Dame de Lourdes en plâtre.

Il m’a demandé si ce genre d’objets m’intéressait. 

J’ai répondu, un peu embrouillée, quelque chose comme oui mais non. 

Il a un peu insisté, m’a dit que ce n’était pas cher, que je pouvais l’acquérir. 

J’étais fascinée par cet objet, sans trop savoir pourquoi. 

Peut être le côté très kitsch ?

Mais je ne me sentais pas légitime d’avoir ça chez moi. 

Je ne sais même pas si c’était une question de foi. Je crois que c’était une gêne liée à une certaine représentation parfaite de la femme que je ne serais jamais, mais je ne mettais pas encore le doigt dessus à l’époque.

J’ai donc refusé de repartir avec cette pièce.

Ce jour là, j’ai choisi une statue en régule nommée Eglantine. Une nymphe avec des ailes de libellule. Une femme libre.

 

Mais papa avait gardé en tête mon intérêt pour cette Sainte Vierge en plâtre.

Moi je ne pensais déjà plus à cet épisode. Et quelques temps plus tard, lorsque je lui rendis visite chez lui, je fus donc très surprise de recevoir une grande sainte vierge en plâtre de 43 cm. 

Oh non… me suis-je dit. Mais qu’a-t-il fait là ? Ah voilà, c’est bien papa ça. Il n’en fait qu’à sa tête.

 

 Je lui avais dit non pourtant. 

Et maintenant je me retrouve avec ce truc. Où je vais mettre ça ? 

Papa me voit un peu déstabilisée, il pense que c’est peut être à cause du prix, alors il me rassure, il a fait une bonne affaire. Quelques euros à Emmaüs. Oui il manque une partie du socle, alors la pièce ne tient pas debout. Mais dès qu’il a vu la pièce il a su que c’était pour moi, et puis aussi que ce serait facile pour moi de la réparer. 

Je rappelle qu’à l’époque je réalisais des petites figurines de monstres. On était un peu à l’autre bout du spectre du sacré.

A ce moment, je n’avais pas compris que Papa venait de me faire le plus beau des cadeaux. Ce cadeau m’obligerait à me confronter à cette icône féminine pour me questionner sur ma spiritualité, mon identité de femme, ce que la société attend de moi et beaucoup d’autres choses.

Par son geste, il m’a libéré du premier pas difficile et invité à me libérer, à dépasser mes blocages. 

J’ai été symboliquement autorisé à me questionner et à intervenir sur une icône sacrée.

Bien entendu, il n’imaginait pas à quel point j’allais transformer cette pièce. 

Mais il a toujours été curieux, amusé et fier de ce que mon esprit et mes mains pouvaient produire. 

 

J’ai emporté la pièce à la maison. Il m’a fallu du temps pour l’apprivoiser.

Cette année-là justement, je cessais mon activité de réalisation de figurines, parce que je passais mon temps à reproduire les mêmes modèles, couler du plâtre, peindre, pour fournir quatre magasins, et je ne passais plus de temps à créer. 

J’étais devenue artisan en monstre.  

Ce n’était plus possible. 

Je m’étais donné un an pour me (re)trouver.

Et la voilà donc, cette Sainte Vierge. Elle arrive à ce moment là. 

Vous croyez au hasard vous ? 

Ce qui paraît une évidence aujourd’hui ne l’était pas pour moi à l’époque.

Elle est donc restée un an allongée dans l’atelier.

 

En 2006, je finis par me dire qu’il faudrait que je m’en occupe, quand même.

Je ne sais toujours pas trop quoi penser de cette pièce. Je sais que je l’aime. Mais je sais que je n’assume pas de la présenter dans mon salon. 

Je remets ce questionnement à plus tard et j’entreprends la rénovation du socle, dont un bon tiers à disparu, emportant avec lui le pied droit de Marie.

Et c’est là que tout se joue.

Je sculpte le nouveau pied.

Je vois bien qu’il est un peu différent du pied gauche. 

Il ressemble à mon pied à moi. 

Attends, la sainte Vierge a mon pied ?

Je réalise alors que je viens de m’approprier cette pièce par ce geste. 

De femme sacrée elle est passée à femme, à moi.

 

C’est une étape importante car je me demande alors jusqu’où je peux pousser cette idée d’appropriation. Comment pourrais-je me sentir à l’aise avec cet objet ?

Passionnée par le Japon depuis les premiers épisodes de « Juliette Je t’aime » diffusés en 1988 dans le « Club Dorothée », je n’ai jamais cessé depuis de m’intéresser à cette culture.  

Ce fut donc pour moi une évidence d’associer à l’image de la femme sacrée à celle de la Geisha, icône féminine japonaise reconnaissable par tous.

La Geisha représente la femme artiste payée pour divertir sa clientèle, même si souvent son activité est mal interprétée par les occidentaux qui s’imaginent qu’il s’agit d’une prostituée de luxe. 

La réalité est beaucoup plus complexe, mais on peut au moins s’accorder à dire qu’elle a une sexualité. 

Voilà bien ce qu’on ne dira pas de la Sainte Vierge, femme reléguée au rôle de mère, proclamée immaculée conception. 

Voilà un premier point soulevé par cette association. Un premier questionnement. Femme parfaite et sexualité ? La Sainte Vierge semble m’exprimer l’impossibilité de cette association. La mère, l’amante, et puis ici l’artiste, ne sont elles pas la même personne ? 

Pourquoi chercher à séparer toutes nos identités ?

Je suis multiple. Nous le sommes toutes et tous. 

 

Ma première pièce, terminée en 2006 a donc été Sainte Geisha.

Dès que je l’eus terminée, j’ai su que je n’allais pas m’arrêter là.

J’ai entrevu tout de suite la possibilité de nombreuses propositions autour de la Sainte Vierge. 

Et j’ai eu envie d’explorer ça sans attendre. 

J’ai d’abord fait ça pour moi, comme une recherche personnelle et ce n’est qu’en 2007 après avoir réalisé huit autres pièces que je me suis finalement décidée à démarcher une galerie. 

Parce qu'à ce moment-là, j’ai réalisé que le personnel et l’universel était intimement lié. L’expérience de chacun résulte de l’environnement dans lequel il vit. Et nous vivons tous ensemble sur cette planète, dans ce même univers, ce même cosmos. Nous devons partager, confronter nos regards, pour mieux appréhender notre monde et avancer.

J’ai aussi compris que ce travail me passionnait tant, qu’il allait durer très longtemps, peut-être toute mon existence. 

Ce ne serait pas un travail anecdotique, c’était certain que j’allais lui donner une grande place dans ma vie.

Je suis heureuse de partager avec vous chaque pièce que je réalise.

J’y met beaucoup de joie, d’amour, de poésie, d’espoir, d’humour, et quoiqu’en pensent certains, je ne cherche jamais ni à blesser, ni à choquer qui que ce soit.

La Sainte Vierge, désormais, je sais que c’est moi. 

Non pas que je me prenne pour une réincarnation de la Vierge Marie, mais parce que je transpose sur cette image tout ce que je ressens, tout ce qui m’anime, tout mes questionnements.

Et ce sont peut être les vôtres aussi.

A travers ce travail, que j’ai nommé « Apparitions », vous avez des visions de la Sainte Vierge.

Vous savez désormais que ces visions, c’est moi, c’est nous, c’est vous !

Alors, t’as vu la Vierge ?

 





(C'est écrit en english pour les followers internationaux oué)