Papa avait sa petite collection d'appareil photos.
Je les ai gardés parce que c'est un objet qui le représentait assez bien, mais je ne savais pas vraiment quoi en faire.
Et puis quand j'ai commencé Bijou, je me suis dit:
Tiens j'ai une autre petite sainte vierge de la même taille, je pourrais la faire sortir d'un objectif sans doute!
Alors j'ai sorti tous les appareils, j'ai évalué leur côte sur le net, j'ai mis de coté les plus intéressants visuellement, et ça s'est joué entre 2 appareils photo à soufflets.
J'ai retenu celui ci car il est plus petit, le boitier est en meilleur état et l'objectif est plus petit. De plus il a un pied qui permet de le poser.
Dedans:
C'était l'appareil photo compact portatif de 1938.
La grande classe pour 195 Francs.
C'est à dire 10 215,38 Euros de maintenant, selon ce convertisseur de l'Insee qui tient compte "de l'érosion monétaire due à l'inflation. Le pouvoir d'achat de 195,00 Francs en 1938 est donc le même que celui de 10 215,38 Euros en 2018."
Quand je pense que maintenant on peut le trouver en moyenne dans les 40 euros en brocante!
La petite pièce prévu pour sortir de l'objectif est celle ci:
Une petite pièce à la peinture dégueulasse mais aux reliefs bien préservés.
Avec des crottes de mouches en prime.
J'ai eu l'impression de faire un truc complètement interdit : fracasser l'objectif d'un appareil (à 10 000 euros potentiellement!)
En fait, c'était très jouissif de faire ce truc interdit, de m'autoriser à enfreindre une règle.
J'imaginais déjà la réaction de tous les amoureux de la photographie, complément outrés par ce sacrilège, mais pas du tout choqués par le détournement d'une petite statuette de sainte vierge.
J'ai attaqué l'objectif à la perceuse à percussion.
Et bien ce n'était pas facile du tout.
J'ai bien transpiré.
J'ai dû terminer avec un gros clou et un marteau pour en venir à bout.
Ne pleurez pas amis photographes, on pourra faire la même chose dans 80 ans avec l'I-phone 11.
Ah mais, peut-être même dans 2 ans si on tient compte de l'obsolescence programmé.
Maintenant je m'occupe de la petite dame qui va devenir un fantôme.
Pourquoi un fantôme? parce que c'est plus pratique pour sortir de l'objectif!
Le fantôme a bien des avantages.
Notamment il permet, en photographie, d'obtenir des images curieuses, nées de problème de superposition de négatifs et de maitrise de temps de pose et de développement plus où moins géré.
C'est l'image fantôme, celle ou le visage du défunt grand père apparait dans le foyer du feu de cheminée joliment décorée pour noël, et qui depuis fait flipper toute la famille.
Breaking news: c'était une photo de tonton qui avait été prise juste avant la photo de la cheminée, et c'est vrai que tonton y ressemble drôlement à papi maintenant qu'on y pense.
Le fantôme à cela d'intéressant également, qu'il est insaisissable.
Chose contre laquelle la photographie mène un vraie combat: tout saisir, l'émotion, la splendeur, l'intensité, l'étendue, le détail ...
Mais si le fantôme est insaisissable, il laisse malgré tout une trace, une sensation, un doute.
L'a t'on vraiment vu ?
Ce petit fantôme là en tout cas, je l'ai bien vu, et bien décapé surtout!
Un petit ponçage plus tard:
Les fantômes n'ont pas besoin de pieds ni de socles, alors je prends la décision qui s'impose.
Je commence à poncer pour rétrécir l'extrémité de la robe (même si c'est dur pour marcher après) et recouvre une tige filetée avec de la résine.
J'ai dû me débarrasser du chapelet, il était parti en miettes lors du décapage.
Je relie les deux éléments ensemble.
Je commence à faire un système de fixation qui sera collé à l'intérieur de l'appareil photo.
Il n'est pas collé à la tige du fantôme. Ils s'emboitent seulement.
Ils seront collés à la toute fin, quand tout sera peint et que les deux parties seront prêtes à être installées.
L'encoche sur la tige c'est pour éviter que le fantôme tourne.
C'est comme le lait qui tourne, c'est moins bon.
J'ai refait un beau petit chapelet tout fin, des bouts de doigts, des morceaux de voile, ainsi que presque toute l'écharpe.
J'ai continué de travailler la partie qui s'emboite dans l'appareil photo, avec du film alimentaire, pour bien épouser les formes des soufflets. (si quelqu'un est contre cette union qu'il s'exprime maintenant ou se taise à jamais)
Voilà ils se sont épousés, c'est trop tard.
Une petite couche d'apprêt :
Quelques couches de peintures proches de la couleur phosphorescente pour avoir une base.
En effet la peinture phosphorescente est très transparente, alors il vaut mieux prévoir une couleur approchante dessous.
Et voilà, quelques dizaine de coups de bombe de peinture phosphorescente plus tard, avec la colle qui faut pour cimenter le couple, on obtient donc une petite "Photo-sensible".
Alors, attendez...
Je demande à mon cerveau s'il a chanson pour vous ce soir.
...
hum, il me propose "Strike a Pose"
Ah oui je sais ce que c'est, j'ai trouvé!
Cadeau: