jeudi 17 mai 2018

Histoires de ronin et samouraï

Bien entendu j'aime beaucoup associer la sainte vierge à des éléments très masculins.
 Pour moi c'est comme un plaidoyer sur l'équité, le genre et le féminisme.
Le samouraï a cet aura de formidable démonstration de pouvoir masculin.
Il ne m'en fallait pas plus pour que je m'en empare et que je me l'attribue, à travers la Sainte Vierge, mon vaisseau.
Oui, moi aussi je veux ce pouvoir, celui qu'on n'attribue qu'aux hommes, car mon éducation ne m'a pas bridée, mais la société oui, certainement.


Tout à commencé ce jour là, enfin pas tout, pas ma fixation sur la sainte vierge, ni ma collection de Barbie.
Mais pour l'association d'idées avec l'armure de samouraï, c'est le jour où j'ai visité cette magnifique expo au château des ducs de Bretagne, que j'ai eu cette révélation.



La sublime photo utilisée pour illustrer l'expo me servira beaucoup de référence.


Dans l'expo il y avait une magnifique collection d'armures, toutes différentes et incroyables.


Déjà, je prenais des photos des nouages, pour plus tard, et tentais de comprendre comment les liens reliaient les plaques de métal.



J'ai été absorbé dans la lecture de l'histoire de Tomoe Gozen, femme samouraï très célèbre au japon.


Pour ma Ronin Marie, j'ai fait beaucoup de recherches sur les représentations de Tomoe Gozen.
Estampes, statues, figurines, femme incarnant son rôle lors du Jidai Matsuri, etc...






Je me suis finalement détachée des représentations de ce personnage légendaire et historique pour rester plus dans une idée générale de armure de samouraï, sans connotation particulière, l'armure type qui habite notre inconscient collectif.

Et puis lorsque je suis tombée sur cette image, c'était réglé.
C'était très proche de ce que je voulais, hormis que je voulais une armure noire, et simplifier les nouages le plus possible, afin de ne pas surcharger le peu de parties d'armure qui sera utilisé sur la statue.


J'ai beaucoup tardé à faire cette pièce, la retardant sans cesse. Parce que je savais qu'elle serait longue et qu'il me faudrait me sentir prête pour ça.
De plus en 2014 j'avais déjà en tête la réalisation de notre dame du poulpe qui m'excitait tant, qu'elle fut ma priorité du moment.
Une fois Notre Dame du Poulpe terminée, en 2015, elle m'a tellement lessivée, qu'il m'a fallu beaucoup de temps pour m'en remettre et me sentir prête pour celle-ci.
J'ai fait semblant de l'oublier, mais elle était resté cachée dans un petit tiroir de mon bureau intérieur.
En 2016, entre deux stands de peluches kawaii et ma copine Sailor Moon, une petite piqûre de rappel m'attendait à la Japan Expo.







(photo sans trucages, bien évidemment!)

Malheureusement, la piqûre de rappel n'a pas été suffisante,mais beaucoup d'autres projets ont été réalisé comme "Ssssnake Mary", "Jeans Marie", "MOTU", "Sainte Kitsune" etc.
L' élément déterminant, c'était peu après mon voyage au japon, lorsque je suis allée voir la nouvelle expo du château des ducs de Bretagne intitulée "Les 47 Rônin".



Même si c'était une petite expo comparée à celle de 2014, c'était très intéressant, et parmi les estampes ont pouvait voir notamment ce casque de samouraï.
Ce fut le coup de foudre... et le coup de pied au cul pour commencer la pièce.



Il n'y avait que ses petites oreilles qui me chagrinait un peu alors j'ai fait d'autres recherches sur les décorations de casques.


Ainsi que sur les formes et nouages simples.


En 2014, à la boutique du château, j'avais acheté ce petit jeu magnétique, en vue de m'aider pour la réalisation de ma pièce.


C'est pas mal du tout pour comprendre comment fonctionnent toutes ces couches de métal!


Et en plus j'ai pu m'amuser à faire semblant de l'habiller, avant de décaper ma Sainte Vierge.



Au final, l'armure que j'ai réalisé ne ressemble vraiment à aucune en particulier.
C'est plus un stéréotype d'armure.
J'ai failli utiliser le blason et la corne du casque de Tomoe Gozen et puis finalement, j'ai préféré d'autres références, plus personnelles.
Ainsi la lune du casque se transforme en éclipse solaire.
Car il est vrai que mon ciel s'est assombri depuis la mort de mon papa. Mais je sais que le soleil n'est pas loin derrière et que je ne dois pas avoir peur.
Le deuil est un phénomène naturel transitoire, une éclipse... peut être un peu trop longue sans doute.
Pour les mêmes raisons, j'ai choisi comme blason sur la poitrine, le chrysanthème, car il est à la fois l'emblème de la famille royale du japon (comme le lys en France), ce qui est parfait pour la reine des cieux, et le chrysanthème représente également chez nous, même si c'est assez récent, les tombes fleuries à la Toussaint.

Et pour finir, j'ai choisi de ne pas lui faire porter d'armes.
La voici donc, cette femme samouraï sans maître, protégée, prête à encaisser, mais complètement désarmée, laissant deviner une certaine fragilité.
La cuirasse ne fait pas la dure à cuire.
Et au deuil, on est jamais vraiment préparé.



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